BSTCBConstruire en bois brut et matériaux naturels
           
             
            Dimanche 26 Avril 2015 à 14h30 

            au Lycée Forestier de Meymac-Corrèze, 
            dans le cadre des Printemps de Haute Corrèze
             

            Cette conférence sera précédée d'une intervention de Bernard Palluet, responsable national environnement du Groupe coopération forestière. qui traitera de la forêt paysanne de marius Vazeilles, et de son évolution.

             Conférence de Thierry  Houdart

            " Le bois résineux , legs de Marius Vazeilles, pour une nouvelle approche  de la valeur écologique et économique des arbres" "

            Auteur de :
            - Les 4 tomes de l'Art de la Fuste
            - Les Carnets de la Combe Noire

            Présentation de la conférence
             
             

            La forêt limousine du XXIème siècle que nous connaissons n'est peut-être pas celle dont parlait Marius Vazeilles, 
            Il rêvait d'établir une "forêt paysanne" qui, à côté d'une agriculture consacrée à l'élevage bovin sur des prairies améliorées, jouerait pour les paysans le rôle de caisse d'épargne " solide et durable".
            Aujourd'hui cette forêt n'est plus, loin s'en faut, aux mains des paysans, et les reboisements intenses financés par le fonds Forestier National après guerre ont façonné une forêt où les bois résineux, et le douglas en premier lieu, ont pris une part grandissante, même si la surface boisée en essences feuillues reste la plus importante.
            Ces boisements résineux ont été fort critiqués dans les dernières décennies, accusés de concurrencer l'espace agricole et de perturber l'environnement. Ils arrivent maintenant  à maturité, et d'importantes quantités de bois seront disponibles dans les années à venir. Leurs débouchés sont bien différents de ceux de l'époque de Marius Vazeilles. Les bois de mine n'ont plus cours, une puissante industrie papetière s'est installée dans la région, les petites scieries de village sont en voie de disparition, remplacées par quelques imposantes scieries aux investissements importants. Quelques entreprises industrielles et artisanales, utilisant la ressource résineuse locale, se sont créés dans le Limousin.
            Pour ceux qui possèdent la forêt limousine, s'ils sont petits propriétaires, la forêt reste une caisse d'épargne, mais pour d'autres, c'est un investissement et parfois même un coffre-fort.
            A cet égard, il est intéressant de poser un certain nombre de questions sur la valeur économique, mais aussi écologique actuelle de ces bois.
            La forêt résineuse limousine est-elle trop ou pas assez exploitée ?
            Comment a évolué le prix du bois résineux depuis 30 ans ?
            Comment se détermine jusqu'à présent la valeur d'un bois résineux ?
            Certaines essences sont très recherchées, d'autre moins. Les raisons tiennent à leurs qualités de résistance mécanique, mais aussi biologique (résistance aux insectes et champignons du bois) et à leur résistance thermique, critère qui prend aujourd'hui une importance fondamentale dans la construction en bois massif.
            Si la résistance biologique est facile à déterminer visuellement, il en va différemment pour la résistance mécanique et la résistance thermique du bois. Elles ont pourtant un point commun. Toutes deux sont étroitement liés à la densité (ou masse volumique) du matériau bois. Plus un bois est lourd, plus il résistera à des contraintes mécaniques, mais à l'inverse plus un bois est léger, plus il est isolant.

            La résistance mécanique à fait l'objet d'importants travaux de normalisation, et les bois sont de plus en plus souvent testés de façon rigoureuse. Pour ce qui est de la résistance thermique, il en va tout autrement. 
            Les nouvelles normes thermiques (RT 2012) appliquées depuis cette année dans le bâtiment en France ont montré la nécessité de mieux définir les caractéristiques thermiques du matériau bois en France. Une analyse comparative avec les normes internationales montre qu'il serait possible de définir des critères de résistance thermique du bois basées sur la mesure de leur densité. Ces travaux amènent de nouvelles perspectives pour l'utilisation d'essences résineuses "légères" encore mal valorisées dans la construction.
            Mais la forêt et ses produits ne peuvent plus seulement être considérés comme une ressource économique. Un critère écologique devrait, s'il est objectivement appliqué, apporter une nouvelle vie à la gestion de la forêt et à ses débouchés.
            Le réchauffement climatique a attribué une importance fondamentale aux forêts. Celles-ci sont capables d'absorber significativement les excès de gaz carbonique et de jouer le rôle de puits de carbone actif, si elles sont jeunes ou gérées de façon dynamique. Une forêt vieillissante et sous exploitée ne deviendra plus qu'un réservoir de carbone. 
            " C'est dans les bâtiments que nous devons stocker le bois produit, non dans la forêt ". C'est le cri  lancé, en 2010, par Michel Rocard dans un article du journal Le Monde. Il n'est pas resté sans échos. Jusqu'à maintenant, la quantité de gaz carbonique, ou son équivalent carbone séquestré dans le bois mis en œuvre et durablement conservé dans la construction, n'était pas pris en compte dans les normes de construction. Ce critère écologique devient une nouvelle donnée pour les normes futures "réglementation bâtiment durable", prévues pour 2020. 
            Nul doute que Marius Vazeilles aurait apprécié cette perspective qui devrait apporter de nouveaux débouchés à la forêt résineuse du Limousin, et rapprocher l'économie de l'écologie forestière, car après-tout, il y a dans ces deux mots le préfixe eco , du grec oikos, l'habitat. 

            Thierry Houdart
            Avril  2015

         
         
         
         
           

         
         



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